빛과 색채의 화가 이현, 지중해의 빛
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제목 Lee Hyun, Pierre Fresnault-Deruelle 교수의 등록일 2005-02-02 02:09:08
작성자 이 현 파일명

프랑스 미술평론가들이 운영하는 뮤제움 사이트에 올려져 있는 미술평입니다.

* http://mucri.univ-paris1.fr/senaud/tableauxframeset.html
에서 그림 이미지와 함께 볼 수 있습니다.


Lee Hyun,

Papaveri di via dei Balestrucci,
2004, huile sur toile, 73x61


Pas la vue, la vision : l’entrevision, même.


par
Pierre Fresnault-Deruelle





Ily a d’abord ce rouge orangé, homogène, qui monte au trois-quarts de la hauteur du tableau : monochrome à peine modelé dont, seul le titre nous dit qu’il s’agit d’un champ de pavots, et qu’un Félix Vallotton n’eut peut-être pas désavoué. Ce vermillon nous enchante, surplombé qu’il est par le rideau vert des arbres (des pins, à n’en pas douter). Si ce rouge et ce vert « conviennent » 1 ) admirablement, c’est parce que les couleurs complémentaires trouvent, en l’espèce, la caution de la nature ; ce qui signifie que l’artiste se sert du paysage pour faire un tableau, plus qu’il ne compose une toile pour « rendre » ce paysage. A l’instar du peintre « nabi » qu’on vient de citer pour ses voluptueuses plages chromatiques, la sereine Lee Hyun 2 a d’abord le désir d’écarter généreusement de la peinture. De fait, pour Vallotton comme pour notre coréenne, (re) doubler de la sorte la « peau » du monde n’est qu’un prétexte jouissif ( le tout, précisément, étant d’en susciter l’opportunité). En somme, si Papaveri di via Balestrucci, ressemble (ou a ressemblé) à ce que le peintre a vu à un moment donné de son parcours, il nous importe, surtout, de saisir ce que l’artiste a pu entrevoir, confrontée à son « motif ». Au vrai, la toile nous saisit, non pas parce qu’elle est une vue, mais une vision, cette saisie des choses à laquelle il a fallu donner un lieu propre: le tableau.



Entre le vert et le rouge orangé, il y a ce blanc grisé qui fait office de ciel, alors que la vraisemblance aurait voulu qu’il fût bleu, et cette double bande de violet et de jaune d’or ( la mer, à n’en point douter, et le sable). L’ensemble forme un paysage dont la composition n’est pas sans rappeler ce que peignit, déjà il y a plus d’un siècle, Giovanni Fattori, ce macchiaolo 3 qui cherchait passionnément à créer des situations plastiques à mi-chemin du sensible et de l’intelligible. Faut-il alors comprendre que cette coréenne de Rome s’est imprégnée à ce point de l’Italie que tel ou tel artiste de la péninsule est capable de se changer, ici, en un devancier inattendu ? Nous le pensons. Si, par ailleurs, bien des tableaux de Lee Hyun laissent deviner que l’artiste oscille entre l’Europe et le Pays du matin calme (Neve, notte in blu ou l’humoristique Sogno II), d’autres toiles comme Indugio nell’ infinito ou Papaveri di via Balestrucci, donnent à penser, au contraire, que, chez cette femme venue de loin, la question des origines, picturalement parlant, s’est estompée. Ou plutôt s’est déplacée. Car, avec ses aplats maçonnés, la toile s’offre à nous comme si l’artiste avait, sans se renier, redécouvert le besoin, éprouvé par les les nabis vers 19OO, de ramener les apparences à un quasi-cloisonnage ( on pense à Charles Filliger). Ironie de l’histoire, on doit rappeler que les nabis admiraient fort la facture épurée des estampes venues d’Extrême-Orient…

Cette toile a, pour nous, quelque chose d’apaisant qui prouverait, si cela était nécessaire, qu’en ce début de XXI°siècle l’art rétinien (pour parler comme Marcel Duchamp) n’est pas mort, tant s’en faut ; que le plaisir n’a pas nécessairement déserté le travail des artistes, et que ce plaisir est toujours contagieux. Partout se lèvent des artistes que le microcosme de la critique - faiseuse de réputations- s’entête à ne pas reconnaître. En Europe, comme à l’étranger, des tableaux ne laissent d’apparaître avec lesquels il faudra bien, un jour, compter. Quoi qu’il en soit, avec cette artiste qui s’acclimate sous nos cieux, et qui exhausse la joie simple, mais non simpliste, d’un métier conquis sur le danger des complaisances décoratives, l’émotion nous envahit.


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1 c’est-à-dire viennent ensemble

2 Sur Lee Huyn, on pourra consulter le catalogue La pace nell’infinito, Editions Bora, Bologne, 2004, catalogue présenté lors de l’exposition à l’Unesco fin 2004.

3 Nous songeons à La rotonde de Palmieri, 1866, Florence, Palais Pitti, 18x 36, huile sur bois.





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